Vous souhaitez déduire les frais de télétravail de votre revenu imposable dans le cadre de votre déclaration de revenus de cette année car vous avez l’intention de calculer les frais réels et de les déclarer. Mais vous ne savez pas ce qui peut être pris en compte ou non, ce qui est déductible ou ne l’est pas … ? Avec notre calculatrice de frais de télétravail ci-dessous, et nos explications complètes, rien de plus facile que de faire ce calcul !
Utilisez notre outil de calcul des frais de télétravail pour savoir quoi déduire
A quoi sert de calculer ses frais de télétravail ?
Tout contribuable a des frais personnels dus à son activité professionnelle : frais pour se rendre au travail, frais pour les repas sur place, frais de télétravail, etc. Pour les prendre en compte, par défaut, le fisc applique un abattement de 10% sur votre revenu imposable.
Par exemple, si votre revenu est de 23.000 €, le fisc va calculer vos impôts sur 20.700 € (23.000 € – 10%).
Toutefois, si vous estimez que les frais réels engagés à titre personnel pour votre activité professionnelle sont plus élevés que cela, vous pouvez demander à bénéficier de la déclaration aux frais réels : vous remplacez l’abattement de 10% par les frais effectivement supportés.
Dans ce cadre, vous pouvez déduire des frais kilométriques, des frais de repas … et vos frais de télétravail. Il est donc utile de faire le calcul des frais de télétravail dans ce contexte, afin de réduire vos impôts.
Quelle est la baisse d’impôts que je peux espérer grâce aux frais de télétravail ?
La baisse d’impôts liée aux frais de télétravail dépend de deux paramètres :
- le montant initial de l’abattement de 10%
- votre taux marginal d’imposition
En effet, les frais de télétravail ne sont malheureusement pas déduits de votre impôt directement, mais de votre revenu imposable ! C’est à dire que, si vous avez 1000 € de frais de télétravail, votre impôt ne va pas baisser de 1000 € mais plus probablement de … 50 € voire moins. Car ces 1000 € vont se déduire de votre revenu imposable, qui est lui même imposé à la tranche marginale d’imposition. Par exemple 11%, 30%, etc. Et cette déduction sera à comparer au calcul initial des 10% d’abattement.
Exemple : vous avez un revenu de 18.000 € en tant que VRP. Vous télétravaillez à 100% et avez donc des frais de télétravail élevés, de 1000 € environ. Plus 1500 € de frais kilométriques et de frais de repas. L’abattement forfaitaire de 10% dans votre cas est de 1800 €. La totalité de vos frais réels s’élèvent à 2.500 €. Vous êtes imposé sur la tranche marginale à 11%. Le télétravail rend les frais réels plus favorable, de 700 € (2500 – 1800). Le gain fiscal grâce aux frais de télétravail est donc de 700 x 11% = 77 €
Le gain n’est donc pas toujours élevé, mais faites le calcul tout de même car il peut parfois s’élever à quelques centaines d’euros, surtout si vous êtes locataire et pouvez donc déduire une partie de vos loyers de votre revenu imposable. De plus, diminuer votre revenu imposable, même de quelques centaines d’euros, peut parfois vous permettre de passer sous un seuil et de percevoir des aides financières de la CAF ou autre, ou d’être exonéré de taxe d’habitation par exemple.
Qui peut déclarer ses frais de télétravail dans le calcul des frais réels ?
Il y a encore quelques années, les télétravailleurs n’étaient pas si nombreux. La déduction des frais de travail dans le cadre des frais réels reflétait cela et était donc assez précise. Depuis, tout a changé et une majorité de salariés télétravaillent ponctuellement ou régulièrement. Pour autant, tout le monde ne peut pas déduire des frais de télétravail, attention !
En effet le fisc précise que sont éligibles à cette déduction des frais de télétravail les salariés :
- qui ont besoin d’un bureau spécifique chez eux
- qui n’ont pas la possibilité de travailler sur leur lieu de travail.
- qui affectent une pièce ou un espace chez eux à des fins professionnelles.
Reprenons ces conditions une par une pour les détailler
Les salariés qui ont besoin d’un bureau spécifique
Le fisc précise en effet : « La possibilité de déduction est réservée aux activités qui, par nature, nécessitent l’utilisation d’un bureau spécifique. »
Le BOFIP cite également quelques professions et activités spécifiques… : « Il s’agit donc essentiellement des professions entraînant des travaux d’étude (artistes musiciens, par exemple), de recherche (enseignants, journalistes, etc.), de gestion ou de création (activités liées à la bureautique à domicile, à la fabrication à domicile, etc.). Il peut également s’agir d’un local spécifique (par exemple, stockage de produits de démonstration, d’échantillons ou de marchandises utilisées notamment par un VRP). »
On comprend de cet article que vous pouvez déduire des frais de télétravail si le télétravail nécessite un espace calme et isolé dans votre maison. Il paraît assez logique de considérer aujourd’hui que c’est le cas de tous les salariés qui télétravaillent. Néanmoins il est conseillé de préparer un argumentaire pour démontrer que vous ne pouvez pas télétravailler dans le salon, avec la télévision et vos enfants qui jouent à côté 😉
Les salariés qui n’ont pas la possibilité de se rendre sur leur lieu de travail
C’est la 2e condition pour déduire vos frais de télétravail. « Le salarié ne doit pas disposer d’un bureau fourni par son employeur et adapté aux conditions d’exercice de sa profession »
Cette condition est plus difficile à respecter car si vous télétravaillez à temps partiel, la plupart du temps, c’est parce que vous avez aussi un bureau où vous rendre.
Donc on peut probablement interpréter cette condition comme suit : si vous ne faites pas partie des professions citées explicitement par le fisc ci-dessus (enseignant, journaliste, etc), vous ne pouvez ajouter les frais de télétravail au calcul des frais réels que si votre employeur EXIGE de votre part le télétravail, c’est à dire s’il y a un accord d’entreprise ou un accord de branche qui prévoit le télétravail (ou si c’est indiqué dans votre contrat de travail). Si c’est un choix de votre part, vous ne pouvez probablement pas déduire les frais de télétravail
Les salariés qui affectent une pièce ou un espace chez eux à des fins professionnelles
C’est la 3e condition posée par le fisc : « Le local affecté doit être effectivement utilisé à des fins professionnelles »
Cela paraît évident dès lors que vous télétravaillez à votre domicile qu’un espace est affecté à ce télétravail ;-). Mais le fisc précise aussi en réalité qu’il ne peut s’agir que d’une SEULE pièce, sauf cas dûment justifié par l’exercice de la profession.
D’autre part, il faudra compter pour les frais de travail un prorata de l’affectation de cet espace aux aspects professionnels (c’est à dire le pourcentage de temps où cette pièce est utilisé à des fins professionnelles)
ATTENTION : les frais de télétravail peuvent se révéler assez élevés. Avant de les déduire de votre revenu imposable, il vaut donc mieux vérifier que vous êtes bien concernés par cette déduction. En cas de doute, n’hésitez pas à poser la question directement à votre centre des impôts depuis votre espace en ligne pour savoir si la déduction des frais de télétravail est possible dans votre cas.
Comment calculer les frais de télétravail ?
Si votre employeur ne vous a versé aucune prime de télétravail et que vous souhaitez intégrer les frais de télétravail dans les frais réels, le fisc vous propose deux options :
- soit vous optez pour une déduction forfaitaire des frais de télétravail, à hauteur de 2,6 € par jour de télétravail en 2023
- soit vous optez le montant exact des frais engagés si cela vous est plus avantageux.
Si votre employeur vous a versé une prime télétravail :
- soit vous renoncez à intégrer les frais de télétravail dans le calcul des frais réels (même si vous continuez à déclarer votre autres frais professionnels : frais kilométriques, repas, etc). Dans ce cas, la prime versée par l’employeur est à DEDUIRE directement de votre revenu imposable (vérifiez que votre employeur ne l’a pas déjà déduite avant de le faire)
- soit le calcul des frais de télétravail « au réel » est plus favorable que la prime versée par votre entreprise. Auquel cas, cette prime est à prendre en compte dans votre revenu imposable et vous pouvez en parallèle intégrer vos coûts réels de télétravail dans le calcul des frais réels totaux déclarés aux impôts. Notre calculatrice de frais de télétravail ci-dessus vous permet de faire directement la comparaison entre les deux.
Exemple :
- votre employeur ne vous a remboursé aucun frais de télétravail. Vous avez télétravaillé 110 jours en 2022 soit 286 € de frais de télétravail si vous adoptez la formule de calcul forfaitaire. Vous calculez les frais réels : votre loyer est de 1000 € par mois, votre bureau représente 10% de la surface de l’appartement, vous payez environ 2000 € de charges annuelles (électricité chauffage, etc), 400 € d’assurance habitation et 800 € de taxes foncière. Cela fait aux frais réels : (12 x 1000 € + 2000 + 400 + 800) x 10% x 110 jours / 365 = 460 € environ, ce qui est bien plus favorable que le forfaitaire
- votre employeur vous a versé une prime télétravail de 500 €. Vous êtes propriétaire de votre logement (ou plutôt allez l’être dans quelques années car vous avez encore un prêt immobilier à rembourser). Vous ne pouvez donc pas déduire de loyer ou d’intérêts d’emprunt (voir ci-dessous). Vous payez les mêmes charges que ci-dessus. Aux frais réels, cela fait donc (2000 + 400 + 800) x 10% x 110 jours / 365 = 100 €. La prime de votre employeur étant plus favorable que les frais réels, il est plus intéressant de ne pas déclarer celle-ci dans votre revenu imposable et de ne pas ajouter les frais de télétravail à votre calcul de frais réels des impôts.
Quels sont les frais réels de télétravail à prendre en compte ?
Votre pièce de télétravail est prise en compte au prorata dans le calcul des frais réels
Pour déduire les frais liés à un local ou une pièce utilisée à des fins professionnelles, il est important de déterminer le pourcentage de la surface de cette pièce par rapport à l’ensemble de votre habitation. Par exemple, si vous avez un bureau de 10 m² dans une maison de 100 m², le pourcentage serait de 10%. Si vous avez un petit studio, le pourcentage déterminé ne doit pas dépasser 50%.
Attention : vous ne pouvez pas prendre en compte plus d’une SEULE pièce de votre habitation, sauf si vous pouvez justifier auprès des impôts que votre activité l’exige !
Vous devez aussi, si cette pièce n’est pas consacrée uniquement à votre activité de télétravail mais utilisée aussi à des fins personnelles, prendre en compte le pourcentage de temps d’utilisation. C’est à dire par exemple diviser le nombre de jours annuels de télétravail par le nombre de jours de l’année (c’est ce que fait notre outil de calcul des frais de télétravail ci-dessus)
Ces deux éléments vous permettent de calculer le pourcentage à prendre en compte pour les frais de télétravail.
Exemple : vous avez un bureau de 15 m2 dans votre appartement de 90 m2 et vous télétravaillez 3 jours par semaine, 44 semaines par an en moyenne (avec les congés, les RT, les jours fériés). Le pourcentage de vos charges à prendre en compte au titre du télétravail est donc : 15/90 x (3 * 44 / 365) = 6%
Autre exemple : vous êtes VRP et n’avez aucun bureau fourni par l’entreprise. Et votre bureau n’est pas utilisé par le reste de votre famille, il est dédié à votre activité professionnelle. Dans ce cas vous pouvez compter 100% du temps x 15/90 = 17%
Une fois ce pourcentage établi, vous pouvez alors déduire les charges suivantes au prorata :
- les travaux effectués,
- la taxe foncière et la taxe d’habitation,
- les loyers et charges de copropriété,
- les dépenses courantes telles que le chauffage, l’électricité, le ramonage, les frais de nettoyage, etc.
- les intérêts d’emprunt si vous avez contracté un prêt pour réaliser des travaux dans la pièce, etc.
ATTENTION : si vous êtes propriétaire de votre logement, il n’est pas possible de déduire l’emprunt ou les intérêts de l’emprunt immobilier.
Vous pouvez aussi prendre en compte le matériel, les meubles, etc
Et oui, le calcul des frais réels de télétravail ne s’arrête pas là. Car logiquement, pour télétravailler vous pouvez avoir besoin de matériel informatique (imprimante par exemple), de petit matériel de bureau (agrafeuse, stylos, etc,), de meubles pour stocker vos dossiers professionnels, etc. Le fisc le comprend et vous autorise à le déduire.
Pour les achats dont le prix est inférieur à 500 € hors taxes (soit 600 € TTC), vous pouvez les inclure directement dans les frais de télétravail. Si le prix dépasse 600 €, vous devez déduire le montant sur plusieurs années. Par exemple, le coût d’un ordinateur peut être amorti sur trois ans.
Bien entendu, ces achats doivent être en lien direct avec la profession et réservés uniquement à cet usage. Si l’utilisation n’est pas exclusive, c’est à dire si une partie de ce matériel est aussi utilisée dans votre vie personnelle, une partie du coût seulement sera déductible, au prorata de l’usage professionnel.
Par exemple, si vous achetez un ordinateur 1500 €, et le destinez à moitié au travail et à moitié aux affaires personnelles, vous pouvez compter pour cet achat 750 € dans le calcul des frais réels. Mais comme ce montant dépasse 600 €, vous devrez l’amortir sur 3 ans c’est à dire déclarer 750/3= 250 € par an. Par contre l’agrafeuse payée 30 € et l’imprimante payée 400 € et dédiée à votre activité professionnelle peuvent être prises en compte directement dans les frais de l’année.
Puis-je déduire mes repas en télétravail ?
Malheureusement non, la loi est très claire : si vous déjeunez chez vous, il n’y a pas lieu de déduire des frais de repas puisque ce sont les frais supplémentaires par rapport à un repas pris au domicile qui sont pris en compte. Il en est de même si vous décidez de déjeuner au restaurant du coin puisque par définition, vous pouviez déjeuner chez vous…
La seule exception est le déjeuner d’affaires avec un client : vous pouvez le déduire si et seulement si il ne vous a pas été remboursé par votre employeur
Puis-je compter mon téléphone portable et mon abonnement Internet dans mes frais de télétravail ?
Vous avez acheté un téléphone portable pour le travail ? Dans ce cas, ce montant peut tout à fait rentrer dans les frais de télétravail. Si vous vous en servez aussi à titre personnel, il faudra toutefois comme pour tout le reste le prendre en compte au prorata de votre usage professionnel. Il en est de même de votre abonnement téléphonique : vous pouvez le déduire au prorata de votre utilisation professionnelle.
Pour l’abonnement Internet, à moins que vous n’ayez un abonnement spécifique pour l’usage professionnel, EN PLUS de votre abonnement personnel, et que vous puissiez prouver que la ligne n’est utilisée que les jours de télétravail, il est déconseillé de le déduire.
